<HOTEL-DIEU-ACCUEIL>             L'Hôpital du pont du Rhône-Hôtel-dieu,
 monument emblématique de l'histoire de Lyon  

ci-dessous :Hôtel-Dieu au temps de Rabelais (l'actuelle Chapelle occupe son emplacement) et Hôtel-Dieu au XVIIe)                                                                                                      

Les origines

    Lyon s'honore de  treize siècles d'activité hospitalière :  c'est en 542 que le roi Childebert et la reine Ultrogothe ont fondé le premier hôptal lyonnais à l'instigation de Saint-Sacerdos, évêque de Lyon. Alors situé sur la rive droite de la Saône, l'hôpital n'a été déplacé que six siècles plus tard  sur la rive droite du Rhône, à l'emplacement actuel de l'Hôtel-Dieu. En effet, Lyon , important noeud de communications entre le Nord et le Sud, l'Ouest et les plaines du Dauphiné, était handicapé par l'obstacle redoutable du Rhône, fleuve de cinq cents mètres de large, aux crues dévastatrices. Le franchissement par bateaux ou bacs à câble (trails) était dangereux. Un pont  sur le Rhône à Lyon était d'une grande nécessité. En 1177,  des constructeurs de pont, "les frères Pontifes" , avaient, en Avignon, établi  le premier pont sur le Rhône :  le fameux pont Benezet. Six ans plus tard,  ils viennent à Lyon avec le projet d'y construire un  pont  de bois :  ce premier pont du Rhône du Xlle siècle se situait en regard du centre de la façade de l'Hôtel-Dieu. La rue aboutissant à ce pont, du côté de la presqu'ile, s'appelait la rue Serpillière., passant à l'emplacement actuel du réfectoire et du dôme. L'abbaye d'Ainay, propriétaire des terrains de la rive droite, exigeait un droit de péage. Ce pont de bois  fragile  a été transitoire. Le passage des troupes de Philippe Auguste et de Richard Coeur de Lion, en route pour la troisième croisade, l'ont effondré en 1190. Le pont a été alors reconstruit plus en aval sous la forme bien connuede l'histoire de Lyon. Ses arches de pierres étaient amarrées dans le lit du fleuve par des piliers de chêne pointés avec des bardeaux de fer. Sur ce  pont va transiter pratiquement tout le trafic de l'Europe. Les voyageurs sont des gens de toute condition physique dont certains à bout de résistance nécessitaient un hébergement. Dans leur tradition, les frères Pontifes construisaient toujours à l'extrémité des ponts, d'abord une chapelle, puis un bâtiment d'hébergement. Ils y accueillaient tous les passants malades. Il en fut ainsi pour le pont du Rhône: le personnel comportait simplement deux religieux et trois domestiques. Les frères Pontifes vont se débarrasser très vite de ces bâtiments et de leur entretien, en les confiant aux religieux d'Hautecombe. Ceux-ci le 29 Août 1315 le cèdent aux religieux de Chassagne. En 1334 pour la première fois, il est fait mention de soins dans cette structure d'hébergement. Les religieux de Chassagne ne résolvent pas mieux les problèmes financiers et en 1478, ils vendent ce bâtiment aux consuls de la ville de Lyon (qui depuis 1312   géraient la ville au nom du Roi). 

 Le centre de l'hospitalisation publique à Lyon  (XVIe & XVIIe siècles)

   L'évolution de l' Hôtel-Dieu se fait alors en trois étapes: 

-1- En 1529 intervient un désordre civil majeur, la grande Rebeyne,  due à la famine consécutive aux mauvaises récoltes. Les rues sont envahies par des mendiants et des familles venues des campagnes environnantes. François 1er décrète l'institution d'une Aumônerie Générale destinée à accueillir et à héberger les pauvres. C'est la création de l'Hôpital de la Charité  implanté à deux cents mètres de l'Hôtel Dieu. Cet hôpital décharge l'Hôtel-Dieu de certaines de ses obligations, notamment en accueillant les enfants abandonné. En contrepartie, cette aide implique la nécessité de partager le profit des quêtes. L'indication portée à l'entrée de l'Hôtel-Dieu proche de la Chapelle "Hôpital Général" n'est pas neutre. En effet, c'est cette dénomination qui permettait à l'Hôtel-Dieu de revendiquer, à part égale avec la Charité, une partie des ressources provenant des quêtes.

     -2- Une réorganisation administrative de l'Hôpital est indispensable. En effet, les consuls, édiles de la ville, sont las de gérer cet hôpital qui ne leur procure que des difficuités notamment financières. Ils créent donc le corps des recteurs, en précisant que ceux-ci seront recherchés parmi les lyonnais, gens de bien, d'honneur et charitables et que leurs fonctions seront bénévoles. En réalité, elles étaient très couteuses. Chaque recteur devait donner chaque année une somme d'argent et doubler ce don à la fin de son mandat. Le trésorier était engagé financièrement sur ses deniers, au point qu'à un moment, il a été jusqu'à avancer deux cent mille livres pour assurer la trésorerie de l'Hôtel-Dieu. On pourrait se demander quelle était la motivation de ces bourgeois. En fait, ce rectorat permettait d'accéder la noblesse héréditaire, ce qui stimulait avantage  l'oeuvre de charité.

    -3- Des circonstances plus favorables sont liées à l'agrandissement des propriétés de l'Hôtel-Dieu. Leur domaine devient important à la suite du don des territoires de la Part-Dieu, par Mme veuve Mazenod, très affectée par un accident qu'elle avait provoqué sur le pont du Rhône. Il s'y ajoute les très importants terrains de la Tête d'Or. Ce  n'était qu'une richesse potentielle car, en raison du régime irrégulier du Rhône, cette rive gauche ne présentait à l'époque aucun intérêt économique. Comme il faut absolument de l'argent, on fait appel au roi qui accorde des taxes supplémentaires. On taxe  même les comédiens : leur première représentation à leur arrivée à Lyon est donnée au bénéfice des pauvres. Ces ressources permettent d'agrandir les bâtiments. On construit l'ensemble dit du "petit dôme" hospitalier, le premier de ce genre construit en France, copie d'un hôpital de Milan. Il est encadré de quatre ailes, dites des "quatre rangs", centrées sur le dôme avec au milieu un autel. On peut alors détruire le premier bâtiment d'hospitalisation datant du XVle siècle, devenu inutile, et à son emplacement construire la Chapelle avec la belle façade Louis XIII. La porte principale avec la mention "Hôpital Général " construite en 1706 par Delamonce vient achever la construction.

Renommée prestigieuse et pourtant faillite inéluctable (XVIIIe siècle)

     La réputation de l'Hôtel-Dieu se répand et les malades affluent  :  plus de cent mille patients soignés par an. Il faut toujours plus de place. Par chance, les finances s'améliorent. En effet, les terrains de la rive gauche sont peu à peu aménagés et deviennent une zone de récréation. On y plante des petites baraques où l'on vend divers produits alimentaires et les Hospices touchent une redevance sur chaque transaction. Surtout, ils sont propriétaires des bacs à trail qui, en amont du pont de pierre, assurent la traversée du Rhône. Chaque passage apporte des ressources. On décide alors d'agrandir l'Hôpital. Pour construire, il faut d'abord déblayer le terrain. En effet, les bâtiments étaient entourés de toute une série de petites maisons privées. La rue Serpillière coupait complètement le terrain nécessaire à l'extension. On l'a  donc récupéré   et acheté chacune des parcelles voisines. Les recteurs envisagent  la construction d'un long bâtiment tout au long du fleuve. Mais,en même temps la municipalité a aussi le projet de restructurer la rive droite du Rhône. Un quai est décidé. Comment  coordonner les deux démarches?  La municipalité indique :"Il faudrait que ce soit un peu noble, que cela ait de l'allure, que cela soit représentatif de la puissance de Lyan, donc il faut de la pierre de taille et un bon architecte... ".  On s'adresse  à Soufflot, qui habitait alors  à Lyon : il  propose un projet majestueux et équilibré, préfigurant la façace actuelle sur le Rhône. Le corps central  avec son  grand dôme est complété de chaque côté par des bâtiments en légère angulation vers l'arrière, ce qui allège l'ensemble. Fait remarquable, cette harmonie a résisté au fractionnement des travaux étalés sur deux siècles ainsi qu'au changement d'architecte. En effet, après deux ans, Soufflot part  à Paris et confie la construction finale à un de ses collaborateurs, Loyer, qui décide de retoucher les plans du dôme. Celui-ci n'est terminé que huit à douze ans après le reste des bâtiments. Le dôme était justifié par des raisons d'hygiène ;  non seulement il donne beaucoup d'allure à l'ensemble du bâtiment, mais aussi il assurer la ventilation des salles de malade pour les débarasser des "miasmes". En 1761, la moitié de la façade est construite ce qui complète les capacités d'accueil des quatre rangs "(mille quatre cents malades hospitalisés et trois mille enfants accueillis). À partir de cette date, l'Hôtel-Dieu va connaitre trente années magnifiques. On réalise à l'intérieur des travaux que l'on qualifierait aujourd'hui d'humanisation : on substitue aux lits de bois, à trois voire quatre places, des couchettes métalliques individuelles. Pour cela on organise des souscriptions : ainsi en 1787 on recueille cent cinquante six mille livres.

    On  recrute des praticiens par des concours hospitaliers qui ont fait la qualité de la médecine hospitalière lyonnaise. Le premier chirurgien-major fut Marc-Antoine Petit, en 1788. Ce n'est qu'en 1811 que l'on institue un concours de médecins des hôpitaux. Ce recrutement est novateur et efficace : en effet, chaque nouveau chirurgien-major est recruté d'abord comme stagiaire, avec nécessité d'un séjour de deux ans à Paris pour compléter sa formation. Lorsque le chirurgien titulaire a  terminé son activité, on lui demande de rester pendant deux ou trois ans pour faire bénéficier son successeur de son expérience. Surtout dans cet hôpital fonctionne grâve à des soeurs hospitalières lyonnaises. Ces soeurs n'ont pas de hiérarchie ecclésiastique directe, ne dépendant que de la seule autorité civile. Elles ont  une formation de qualité, d'où leur efficacité dans cette époque où les soins primaires étaient si importants. Leur présence ajoute aussi une dimension spirituelle appréciée. Des innovations améliorent leur mission :  les soeurs hospitalières, depuis 1719, peuvent être détachées dans une activité extérieure d'hospitalisation à domicile, notamment pour le soin aux femmes en couches; des soeurs pharmaciennes vendent au public extérieur des médicaments. Un malade par lit, des bâtiments salubres, des infirmières compétentes, des médecins et chirurgiens recrutés sur leur valeur, améliorent donc l'efficacité des soins. La mortalité à l'Hôtel-Dieu de Lyon était de 6 % au lieu de 25 % à l'Hôtel-Dieu de Paris. Cela se sait en France :  dès qu'un visiteur célèbre s'intéresse à la médecine, on lui conseille d'aller à Lyon (Joseph Il qui parlait du fameux "temple élevé à la fièvre ", le futur tsar Paul 1er, le Général Lafayette, etc.).  Louis XVI diligente même une enquête de l'Académie des sciences pour savoir comment il fallait construire un hôpital. Les conclusions sont que l'Hôtel-Dieu de Lyon était le plus bel hôpital du royaume.

.      Hélas, en 1791 la situation devient castrophique: on a dépensé trop d'argent, en particulier un million cinq cent vingt sept mille livres pour  le nouveau bâtiment sur le Rhône qui, pourtant, n'est pas encore achevé. On a emprunté beaucoup trop : un capital versé à l'Hôtel-Dieu par un particulier donnait droit à une rente viagère. Cela a amélioré  la trésorerie mais les usagers s'impatientent des  fréquents retatrds dans les paiements de la rente. Au total, en cette fin de siècle, il y a six millions de dettes pour cinq millions d'actifs non mobilisables. On dépense chaque année trois fois le montant des recettes. Lorsque le trésorier avait avancé quatre cent cinquante mille livres, la catastrophe devient inévitable. Le 9 mai 1791, les recteurs donnent leurdémission au  au directoire du département de Rhône-Loire  transferant la charge de l'Hôtel-Dieu aux responsables du Département. La période difficile dure dix ans, aggravée par le siège mené par le pouvoir révolutionniare parisien. L'Hôtel-Dieu subit un bombardement par une batterie installée sur la rive gauche du Rhône. Finalement, c'est le ministre Chaptal qui prend l'affaire en main. Il lui faut six ans pour résoudre la question et, en mars 1797,  la première commission administrative des Hospices Civils de Lyon se réunit, nouvelle institution née de la réunion de l'Hôtel-Dieu et de la Charité.  Le 18 janvier 1802, le conseil d'administration est mis en place dans sa forme définitive. Présidé par le Préfet, il associait les trois maires de la ville et quinze citoyens administrateurs qui deviennent des administrateurs-directeurs, ayant la charge de la gestion directe de l'établissement.

Préfiguration de C.H.U. (XIXe  siècle)

    La situation se redresse au début du siècle, grâce aux travaux d'urbanisme des préfets. En effet, la rive gauche du Rhône est devenue constructible et ses terrains marécageux, enfin asséchés, se couvrent d'immeubles de qualité, source de profits. Les dons continuent à affluer, non seulement en maisons, terrains et autres, mais aussi en argent liquide. On peut enfin terminer l'Hôtel-Dieu

1821-24 : aile nord de la façade,
1825 -29 : cour des cuisines,
1838 - 41: aile sud de la façade,
1840 : passage de l'Hôtel-Dieu,
 1842- 47:  angle du quai et  rue de la Barre.
    En 1885-93, la construction, le long de la rue de la Barre, d'un bâtiment surmonté par le dôme dessiné par l'architecte Pascalon vient compléter le rectangle enfin homogène de l'Hôtel-Dieu. Sur la façade qui avait été dépouillée pendant la Révolution de ses statues originales, on replace les effigies de Childebert et Ultrogothe. Elles furent données par l'administrateur Godinot, ancêtre d'un de nos anciens collègues. Les locaux de la rue de la Barre sont consacrés, à partir de 1881, à l'enseignement. C'est tout d'abord l'école secondaire puis l'école préparatoire. L'amphithéâtre est installé sous le dôme Pascalon. Cette école de médecine, implantée dans l'hôpital, est gérée par l'administration hospitalière et financée par les H.C.L ; c'est donc bien un C.H.U avant la lettre. Cet enseignement persiste sous cette forme jusqu'en 1877, date à laquelle la faculté de médecine de Lyon est créée, mais en 1883 elle quitte l'Hôtel-Dieu pour gagner les locaux universitaires de la rive gauche du Rhône nouvellement construits. 

     Dans cet Hôtel-Dieu dédié à l'enseignement et aux soins travaillaient des médecins de grande qualité. Les chirurgiens étaient notamment des opérateurs remarquables : Gensoul extirpe en un quart d'heure une énorme tumeur du maxillaire supérieur sans anesthésie. Amédée Bonnet  a  le mérite d'introduire l'anesthésie quelques mois seulement après l'expérience de Morton, à Boston. Ces deux hommes sont non seulement des professionnels de qualité mais aussi des hommes de coeur et de responsabilité. Ainsi, en 1831, Gensoul s'oppose à l'arrivée des insurgés de la première révolte des canuts qui veulent massacrer des soldats blessés. Trois ans plus tard,  Amédée Bonnet soigne, dans l'église Saint Bonaventure, les insurgés blessés pour les protéger contre la troupe qui les poursuit. Les résultats chirurgicaux s'améliorent grâce à Antonin Poncet qui introduit l'asepsie et l'antisepsie. L'Hôtel-Dieu devient un foyer de médecine expérimentale. Raphaèl Lèpine y réalise ses travaux sur le pancréas endocrine. Olliera est le premier thérapeute à appliquer les principes de la démarche préconisée par Claude Bernard (observation clinique, expérimentation animale, application thérapeutique). Tous comprennent l'importance pour le traitement des tuberculoses osseuses de ses travaux sur l'ostéogenèse périostée.  C'est aussi l'époque où quelque deux mois seulement après la découverte de Rôntgen, Étienne Destot, en bricoleur de génie, fait ses premières radiographies et allie sa technicité à la démarche expérimentale et chirurgicale d'Ollier. Hélas, en 1887, quelqu'un écrit au directeur-administrateur de l'Hôtel-Dieu pour lui dire que cet hôpital est bien encombrant pourrait faire place à quelquechose de mieux . Le drame est que Jules Courmont, personnalité éminente, s'empare de cette idée : il  considère que cette bâtisse est en mauvais état et antihygiénique, et que pour la réparer les dépenses dépasseront celles d'un bâtiment neuf. En 1905, Édouard Herriot devient maire. Il est très proche de Jules Courmont et, l'anticléricalisme aidant, tout se ligue pour essayer de faire disparaître l'Hôtel-Dieu. C'est finalement, en 1934, l'inscription à l'inventaire des monuments historiques qui permet la conservation de l'Hôtel -Dieu.

                    Le passé récent et la fin de l'Hôpital du pont du Rhône (XXe-XXIe siècle)

    Pendant la première moitié du siècle, l'architecture des bâtiments est peu modifiée. Les conditions d'hospitalisation restent identiques à celles du passé avec de grandes salles de soixante lits sur quatre rangs et seulement deux boxes de deux ou quatre lits pour les cas graves. Une énorme bâtisse, abritant la chaufferie, faisait verrue dans la cour intermédiaire. Tout le charme de l'Hôtel-Dieu se concentre dans la cour d'entrée et dans la seconde cour dite de l'arbre, représentation quasi symbolique de cet hôpital. Entre les deux, le coeur administratif de l'institution - la salle du conseil - sertt aussi aux concours de recrutement avec, comme annexe, la salle contiguè des vieux livres, qui voit défiler beaucoup de candidats angoissés. A proximité, le grand réfectoire, sa chaire et ses tapisseries accueillent midi et soir les infirmières religieuses sous la présidence d'un administrateur.  En septembre 1944, médecins et malades vivent les soubresauts de la libération. Ils assistent au passage des armées allemandes en retraite et sont secoués par la destruction du pont de la Guillotière, tellement solide qu'une seule arche cédera aux effets de l'explosion. Surtout le 4 septeembre, c'est le drame, bien rapporté par un témoin visuel. Un tir à balles traçantes allume un incendie dans le dôme. En quelques heures tout s'effondre et il ne persiste que la base en pierres noircies par les flammes, qui va dominer encore pendant 25 ans les arbres du quai en attendant la reconstruction. Dans les trente dernières années, de gros efforts ont été faits par les H.C.L. en faveur de cet établissement, symbole de l'hospitalisation publique lyonnaise depuis le XVllème siècle. La reconstruction du dôme fut la première étape, avec la reprise des plans initiaux de Soufflot. Le passage de l'Hôtel-Dieu, passage commercial initialement dédié à la boucherie, puis dévolu à la bijouterie, fut supprimé sous l'impulsion du maire Louis Pradel.  Peu à peu les façades, une à une, furent nettoyées, les toitures refaites, les cours débarrassées des constructions vulgaires. Au total, dans les vingt dernières années, c'est près de trente à quarante millions qui ont été consacrés à ce magnifique bâtiment pour lui redonner l'allure que nous pouvons admirer actuellement. La reconstruction intérieure a été poursuivie tout au long de ces années. Au sein de ces murs vénérables, les conditions d'hospitalisation ne sont pas différentes de celles d'autres établissements. Les capacités d'imagerie, de biologie, de réanimation, satisfont les besoins des services de médecine et de chirurgie. La gynécologie obstétrique reste la spécialité dominante de l'Hôtel-Dieu. Très logiquement, l'école de sages-femmes y reste implantée. Au total deux cent quarante lits accueillent 9000 entrées annuelles et l'établissement dans son ensemble comporte 600 personnes. Nous sommes bien loin des chiffres de 1750 (mille quatre cents lits - cent mille entrées -deux cent dix neuf personnels) mais il faut noter que les modes de prise en charge ont beaucoup changé, avec notamment, le transfert de l'hospitalisation vers les consultations. Il faut surtout souligner le caractère particulier des activités médicales de l'Hôtel-Dieu alors centrées sur les activités ambulatoires :  consultations  de génétique, centre de dépistage HIV, traitement par la méthadone, centre de planning familial,  centre du couple et de la naissance. L'installation d'une antenne de la pharmacie centrale distribue aux malades extérieurs les médicaments non vendus en pharmacie de ville. Prévention, éducation, dépistage, s'accordent bien avec la position dans la ville de cet établissement facilement accessible. 

    Mais l'Hôtel-Dieu a été aussi un lieu de culture et de visites. La culture et la documentation médicales ont bénéficié de la bibliothèque de l'internat. D'autre part, le musée, créé en 1935 sous le petit dôme, comprend trois salles provenant de l'Hôpital de la Charité (disparu) :  bureau de réunion des recteurs, pharmacie du XVIIe,  salle d'archives datant du XVIIIe aux bois magnifiquement sculptés. Ce musée a subi des transformations et extensions, et ses collections,  pots de faïence ou instruments médicaux, ont suscité l'intérêt de nombreux visiteurs.

    Et pourtant maintenant la fin de cet Hôpital est définitivement programmée. L'Hôpital "du pont du Rhône" ou "Grand Hôtel-Dieu" est ainsi condamné sans appel. Les nécessités économiques d'aujourd'hui, bien plus redoutables que celles du passé, ont finalement pris le dessus. Malgré son histoire prestigieuse, l'Hôtel-Dieu de Lyon sera prochainement démédicalisé et privatisé. 

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Source : TONIC 85 et WIKIPEDIA